VALENTIN
La variété française n’est plus ce qu’elle était et, on l’espère fort, elle n’est pas encore tout à fait ce qu’elle mériterait de redevenir. À moins que… À moins que le premier album de Valentin ne fasse mouche, ne réunisse les anciens et les modernes, ne séduise en masse un public sevré de concerts, de voix humaines non trafiquées, de voix tout court. De mélodies qui rabibochent, de mots qui ricochent vraiment, qui font feu sans artifices. Et puis, gonflé, au pays où de nombreux souffleurs de vers se contentent de murmurer à l’oreille de leur public, ce jeune homme qui entend imposer ses chansons autrement qu’en filigrane a également décidé de jouer la carte de la sincérité, de n’être rien d’autre que lui-même.
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Biographie
Âgé de vingt-trois ans mais ayant déjà acquis pas mal d’expérience, Valentin, avec ce premier album, concrétise un rêve de gosse : toucher des gens avec de la musique, la sienne. Lui, sa claque musicale initiale, il l’a reçue à l’âge de 7 ans, en voyant le film Les Choristes qui l’a profondément ému. Car bien que n’ayant pas grandi dans une atmosphère musicale particulière, il estime devoir beaucoup à ses parents qui écoutaient tout simplement les radios les plus populaires et les chansons qu’elles diffusent. Ainsi, alors que beaucoup revendiquent des influences et sortent des grands noms pour impressionner la galerie, lui n’hésite pas à déclarer que dans cette famille heureuse, on écoutait d’autres vedettes : Voulzy, Calogero ou Goldman, sans oublier les interprètes de Starmania dont Daniel Balavoine, une sorte de grand frère spirituel puisque comme lui, Valentin n’a absolument pas peur de monter, même sans filet, dans les aigus. Ces artistes et leurs refrains sont ses vraies racines, ses repères. À propos de Balavoine, il concède avoir d’abord été touché par ses mélodies et sa sensibilité, puis par ses textes. Et il fait également preuve d’humilité lorsqu’il admet que pour l’heure, il ne se sent pas aussi à l’aise sur le plan de la rédaction des paroles que sur celui de la composition. Afin de bénéficier de leur maturité, il a donc fait le choix d’écrire avec des artistes plus âgés que lui – tels Thérèse Fournier et Antoine Essertier – qui, à travers leurs mots, font palpiter cette époque qui lui sert de référence : les années 80.
L’expérience acquise lors de ses études musicales à Nancy, en première partie d’artistes emblématiques de la chanson française ou aux Rencontres d’Astaffort (là où il a pu mesurer les bienfaits de la coécriture) transparaît dans la douzaine de titres de ce premier opus que, la faute à la pandémie, Valentin est de plus en plus impatient de faire découvrir. Envoûtant dans « Elon Musk », guilleret dans « Rentrer à Paris » ou « Quatre-vingt », mélancolique dans « Le jouet », espiègle dans « Mieux que moi » ou « Stéréo », il est une sorte de boule à facettes, mais n’oublie pas, comme le démontre « Désormais », un piano-voix qu’il signe seul, que la musique et les chansons sont d’abord et avant tout vecteurs d’émotion. « Je n’irai pas plus loin » y chante-t-il avant de lâcher « Plus rien ne me retient ». De ces deux affirmations, qui, dans le contexte, ne sont pas paradoxales, on fait le choix de privilégier la seconde.
Jérôme Soligny